Abstract:
Ce qui passionne Proust, dès son jeune âge, c’est le spectacle. Cette ferveur se projette également dans la plupart de ses écrits: les rubriques de théâtre, de music-hall qu’il tient, à ses débuts, dans les petites revues; puis vers la fin de sa carrière littéraire dans A la recherche du temps perdu, l’enthousiasme et la passion de l’art dramatique accompagnent partout Proust. Aussi son roman magistral débute-t-il par le goût du jeune héros pour le spectacle et se clôt sur l’évocation comique du «bal des têtes» avant que ne tombe le rideau. Notre objectif dans cet article est non seulement d’examiner l’aspect comique de A la recherche du temps perdu et de rappeler que sa lecture est l’une des plus divertissantes qui soit, mais surtout de savoir à quels procédés Proust recourt pour égayer son roman: les procédés de la comédie dite «traditionnelle» comme le comique de geste, de situation et de mots, que nous signalerons, se placent au centre de son oeuvre et créent de véritables scènes de théâtre.
Machine summary:
Notre objectif dans cet article est non seulement d’examiner l’aspect comique de A la recherche du temps perdu et de rappeler que sa lecture est l’une des plus divertissantes qui soit, mais surtout de savoir à quels procédés Proust recourt pour égayer son roman: les procédés de la comédie dite «traditionnelle» comme le comique de geste, de situation et de mots, que nous signalerons, se placent au centre de son œuvre et créent de véritables scènes de théâtre.
Dans ce présent article, nous nous proposons non seulement de souligner la verve comique de Proust et les caractéristiques qui rapprochent son roman de la comédie classique, mais surtout de nous demander de quels procédés le romancier s’inspire pour répandre dans toute son œuvre une clarté joyeuse.
Les pages de La Recherche sont semées d’exemples de ce qui serait pour Bergson le comique le plus authentique : là où l’homme s’oublie en tant que personnalité et où son corps, véritable mécanique, déchire un déguisement pompeux et factice, révèle un homme réduit aux proportions des guignols.
Comme dans la comedia dell’arte ou tout simplement dans les films de Charlie Chaplin, le pantin de Proust représente souvent son intention, même sa plus grande passion par des gestes ou des jeux corporels, très stylisés et voisins de l’acrobatie; c’est de cette manière qu’au théâtre, la voisine du narrateur montre sa désapprobation et sa protestation de l’interprétation de la Berma «redressant sa taille minuscule, posant son corps de biais, immobilis[ant] les muscles de son visage et plaç[ant] ses bras en croix sur sa poitrine pour montrer qu’elle ne se mêlait pas aux applaudissements des autres…» (t.