چکیده:
Publiée partiellement en 1941 dans le Journal L’Iran, à Téhéran, traduite en français, en France, en 1953, par Roger Lescot, Bouf-e Kour/La Chouette aveugle de Sadegh Hedayat demeure un récit déconcertant. Ce livre est considéré comme le chef d’oeuvre de cet écrivain, regardé depuis sa disparition en 1951 comme l’un des principaux fondateurs de la littérature persane moderne. Mais il est imprégné de multiples contestations des règles traditionnelles de la narration. Il en résulte un texte très étrange et complexe. L'oeuvre est caractérisée par l'absence d'une intrigue cohérente, le refus de personnages bien « réels», mise en cause de l'aspect réaliste des lieux, une structure temporelle non définie et un univers irréductible à toute interprétation humaine. Elle exige dès lors une sorte de lecture qui ne peut plus être linéaire. Dans ce travail de recherche nous allons étudier comment est traité cette rupture avec les principaux composants du genre romanesque à l’intérieur de ce roman.
خلاصه ماشینی:
"D’une manière tout à fait opposée, dans la deuxième partie du récit, c’est l’adjectif «garce», une appellation fortement connotée négativement qui remplace le nom de la femme du narrateur.
» (Hedayat, 1953: 174) La seule fois où il donne un autre nom à sa femme, c’est dans un discours rapporté par le petit frère de la garce qui rend visite au narrateur et lui apporte des gâteaux.
» (Hedayat, 1953: 122) Une fois aussi le narrateur parle du vrai nom de la garce qu’il ne révèlera pourtant pas: «Je l’appelai même, à plusieurs reprises, par son vrai nom, qui avait comme une résonance singulière.
Dans la deuxième partie par exemple, le narrateur parle une fois de la place Mohammadiyév (Hedayat, 1953: 124), nom d’une place qui existait à l’époque où se passe l’histoire de la première partie (au vingtième siècle et pas avant).
Puis, il se tourne vers ce temps lointain, disparu depuis «des centaines et peut-être des milliers d’années» (Hedayat, 1953: 73), et considère le décorateur de ce vase comme un «compagnon» qui aurait traversé «les mêmes états d’âme que [lui]» (Hedayat, 1953:73): «Je venais de comprendre qu’à l’époque où les hommes dont les os sont depuis longtemps tombés en poussière, […] il y avait eu parmi eux un misérable dessinateur, un dessinateur maudit, quelque pauvre décorateur d’écritoires probablement, mon semblable» (Hedayat, 1953: 73).
Cette diversité de l’interprétation semble être une des caractéristiques de La Chouette aveugle qui pourrait le ranger parmi les œuvres dites "ouvertes", c’est-à-dire celles «qui se prête[nt] délibérément à l’interprétation, qui interdit par sa constitution même, une vision unique."